GUIDE PRATIQUE : CREER DES POSTERS SCIENTIFIQUES ATTRACTIFS ET EFFICACES ?
- florencedaubine
- 11 sept.
- 7 min de lecture
Soyons clairs : créer un poster scientifique peut sembler intimidant. Entre la masse d’informations à condenser, le choix des visuels et la mise en page, on se sent vite dépassé. J’ai moi-même connu ça avec, en prime, la frustration de n’avoir eu aucun visiteur.
Je vous présente ici les conseils que j’aurai aimé avoir pour concevoir mes posters.
Un poster scientifique, ce n’est ni un article, ni un rapport complet : c’est une version condensée et visuelle de vos recherches.
Pensez plutôt à un « teaser » illustré de vos recherches ! Son objectif ? Piquer la curiosité et donner envie d'en savoir plus.
Pour que votre travail ne passe pas inaperçu dans la jungle des sessions poster, voici les trois règles d'or à retenir :
Soyez concis et percutant : Votre public n'a que quelques minutes à vous accorder en passant devant votre poster. Visez un contenu lisible en 5 minutes maximum ! Le message principal doit sauter aux yeux dès le premier regard. Les détails et approfondissements, vous les partagerez ensuite en discussion directe avec les personnes intéressées.
Captez l'attention : Soyons honnêtes, dans une session poster, personne n’a le temps (ni l’énergie) de tout lire. Les visiteurs flânent, baladent leur regard, et s’arrêtent uniquement là où quelque chose accroche. Vous avez littéralement 10 secondes pour les faire s'arrêter net devant votre travail. Si votre poster ressemble à une page Word collée sur un panneau, il sera invisible. Alors, jouez vos cartes intelligemment : couleurs, hiérarchies visuelles, schémas clairs…
Invitez au dialogue : un bon poster n’est pas un mur de texte : c’est un point de départ pour la conversation. Une structure fluide et bien hiérarchisée aide le lecteur à suivre le fil et à poser des questions, plutôt que de décrocher.
LA MISE EN PAGE DU POSTER
La mise en page, c’est un peu la carte routière de votre poster : elle doit attirer le regard et permettre de comprendre le message principal en un seul coup d’œil. Voici comment transformer votre contenu en parcours de lecture fluide et agréable :
Choisissez votre format stratégiquement
Portrait ou paysage ?
Si ce n’est pas imposé, adaptez-vous au lieu d’affichage. Un format paysage risque d’être à l’étroit dans un couloir, tandis qu’un portrait trop bas pourrait obliger le lecteur à jouer les contorsionnistes.
Guidez le regard
Pensez au chemin que vos lecteurs vont suivre pour ne pas les perdre et orienter leur regard vers les messages les plus important en premier.
En Occident, l’œil lit naturellement de gauche à droite et de haut en bas donc le message principal devra apparaitre en haut à gauche.
Mais votre poster n’est pas un article, comme on l’a dit plus haut : osez casser la linéarité en jouant avec des colonnes, des blocs de texte, des visuels, des flèches…
L’idée est de créer un parcours visuel fluide.
Structurez en zones claires
Séparez vos parties (introduction, matériels et méthodes, etc.) en encadrés bien définis, et laissez de la marge autour du texte. Trop serré, votre contenu deviendra vite illisible et décourageant.
Les « Méthodes » et « Résultats » étant les parties les plus importantes, elles doivent représenter les 2/3 du poster.
Équilibrez texte, visuels et espace
Un poster réussi, c’est avant tout une question d’équilibre. Trop de texte décourage le lecteur, trop d’images brouille le message.
Ne négligez pas non plus les « blancs » : ils aèrent, dynamisent et rendent l’ensemble plus agréable.
Une marge d’environ 2,5 cm tout autour du poster aide aussi à garder une présentation soignée et harmonieuse.
Un repère simple : environ 30 % de texte, 40 % d’illustrations, 30 % d’espace libre.
Misez sur la lisibilité et la simplicité
Pour être lu sans effort, misez sur la simplicité. Les polices sans serif comme Arial ou Helvetica sont idéales.
Gardez une cohérence visuelle en limitant le nombre de polices : une pour le texte, éventuellement une autre pour les titres. Évitez les majuscules à outrance, le gras à répétition ou le soulignement qui fatiguent l’œil. L’italique, lui, doit rester réservé aux cas particuliers.
Côté taille, quelques repères pratiques :
Titre : ~84 points
Rubriques : ~36 points
Texte courant : ~24 points
Ces proportions garantissent une lisibilité optimale
Limitez les couleurs
Quand il s’agit de couleur, la règle d’or est simple : la lisibilité avant tout. Cherchez le contraste entre le texte et le fond. Texte clair sur fond sombre (ex. blanc sur bleu marine), ou l’inverse (noir sur fond clair) : les deux fonctionnent, tant que l’œil distingue immédiatement l’information.
Évitez les couleurs trop pâles qui disparaissent, ou au contraire trop agressives qui fatiguent.
De plus, pour éviter l’effet « arc-en-ciel » qui brouille la lecture. Deux ou trois couleurs principales suffisent largement, à condition de bien les harmoniser entre elles.
Pour aller plus loin, je vous invite à jeter un œil à mon article “Comment notre cerveau perçoit les couleurs.”
Testez la lisibilité
S’il n’y a qu’une seule règle à retenir c’est celle-ci :
Si votre poster n'est pas lisible sans effort à 1,5 mètre, c'est raté.
Gardez une cohérence dans vos codes visuels (flèches, symboles, pictogrammes). Cela aide vos lecteurs à suivre le fil sans effort.
LE CONTENU DU POSTER
Un poster, aussi beau soit-il, ne sert à rien si son message est confus ou trop chargé. Votre mise en page met en valeur, mais c’est bien le contenu qui doit convaincre.
L’objectif est simple : proposer un texte clair, concis et informatif, qui puisse être lu en 5 minutes maximum et donner envie d’en discuter davantage.
Alléger votre style d’écriture
Visez entre 250 et 450 mots : pas plus. Privilégiez des phrases courtes et simples (sujet – verbe – complément), avec un vocabulaire précis et accessible.
Les informations essentielles doivent apparaître en début de phrase, là où l'œil s'arrête naturellement.
Simplifiez grâce aux visuels
Les illustrations ne sont pas là pour décorer : elles servent à rendre vos données plus compréhensibles et plus attrayantes. Pour qu’elles soient efficaces, utilisez des visuels de bonne qualité créés avec un logiciel adapté.
Pour les graphiques, misez sur la simplicité : courbes claires et nommées, axes lisibles, titres explicites, éviter les légendes qui alourdissent… et pourquoi pas une flèche ou un commentaire pour mettre en évidence le résultat clé.
Les différentes sections du poster
Le titre Court, précis et accrocheur, il doit résumer votre objectif, vos moyens et vos résultats en une à deux lignes. C’est la première chose que l’on lit, alors soignez-le pour vous démarquer.
Les auteurs Mentionnez les personnes impliquées, leur expertise et leur contribution. Cette section renforce la crédibilité scientifique de votre travail.
L’introduction Ici, vous plantez le décor : objectif clair, hypothèses posées et question de recherche formulée. L’idée est d’amener le lecteur directement au cœur de votre étude.
Matériel et méthodes Soyez concis : pas besoin de tous les détails techniques ! Décrivez les grandes lignes de votre approche et, si possible, appuyez-les par un schéma ou une photo. Cela rend la section à la fois plus engageante et plus facile à comprendre.
Les résultats Souvent la partie la plus fournie. Mettez en avant vos données à l’aide de graphiques, tableaux et schémas. Le visuel doit primer sur le texte : vos lecteurs comprendront plus vite.
La conclusion En quelques phrases, résumez vos résultats et ouvrez sur des perspectives ou applications possibles. Posez-vous cette question : qu’aimerais-je que le lecteur retienne en partant ?
Les références Elles ne sont pas indispensables, mais renforcent la rigueur scientifique. Quelques références clés suffisent. Placez-les en bas du poster, avec une police plus petite pour ne pas surcharger.
Les remerciements Valorisez vos soutiens en affichant logos et sigles de manière propre et professionnelle. Cela montre transparence et reconnaissance.
Glissez un QR code menant vers vos publications ou vos coordonnées. C’est un excellent moyen pour que le lecteur reparte avec vos infos, même après avoir quitté la session.
L'IMPRESSION : EVITEZ LES MAUVAISES SURPRISES !
Votre poster est prêt ? Parfait !
Mais avant de foncer chez l'imprimeur, quelques vérifications s'imposent pour éviter les déconvenues :
Qualité des images : Vos photos et visuels doivent être en haute définition pour éviter l'effet "pixels visibles". Privilégiez les formats TIFF ou PNG, moins compressés que le JPG, pour un rendu plus net.
Si vous utilisez une couleur ou une image en fond, laissez-la déborder de 5 mm au-delà du format final. Cela permet d’éviter les vilains liserés blancs dus au découpage (ce fameux “fond perdu”).
Export PDF : Réglez votre document à 300 dpi (points par pouce) minimum. C'est le standard professionnel !
Choisir le bon support d’impression
Sur toile Un peu plus coûteuse, mais très pratique : la toile se plie sans laisser de marques et rentre facilement dans une valise cabine. Idéal si vous voyagez ou souhaitez réutiliser le poster. Seul petit bémol : le rendu visuel est parfois un peu moins net qu’avec le papier glacé.
Sur papier glacé Parfait pour les posters riches en graphiques, images et couleurs. Le rendu est lumineux et attractif, mais attention aux reflets sous certaines lumières.
Sur papier mat Moins sujet aux reflets, donc plus adapté si votre poster contient surtout du texte. Le rendu est sobre et lisible, mais moins “éclatant” que sur du glacé.
Dans tous les cas, demandez conseil à votre imprimeur : il saura vous orienter selon vos besoins et votre budget.
L’ E-POSTER
Depuis quelques années, les congrès proposent aussi des e-posters, affichés sur écran.
Leur grand avantage ? Ils peuvent être dynamiques : insertion de vidéos, d’animations, d’audio, zoom sur les graphiques, liens cliquables… bref, une nouvelle manière d’illustrer votre propos.
La lecture diffère également d’un poster papier : on peut présenter le contenu étape par étape, comme un diaporama, en guidant le lecteur à travers les différentes parties. Et pas besoin d’être lisible à 1,5 mètre : ici, une bonne visibilité à 50 cm de l’écran suffit.
Concevoir un poster scientifique, ce n’est pas simplement présenter des résultats : c’est mettre en lumière votre travail et celui de votre équipe. Un poster bien conçu est aussi une vitrine de votre laboratoire ou de votre institution. Il reflète la rigueur, le sérieux et la créativité de vos recherches, et participe à renforcer la crédibilité et l’image de votre équipe. Un poster soigné envoie un message clair et puissant : « Ici, on fait de la science de qualité ».
👉 Vous trouverez ici un exemple concret d'un poster impactant que j'ai réalisé : "Poster académique"
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